MONTPELLIER (34) 17.03.1997

Résumé
Observations successives sur deux nuits d'un point lumineux fixe dans le ciel : observation très probable de l'étoile Sirius.
Description
Le GEIPAN continue à publier l'ensemble de ses archives sur son site public www.geipan.fr. Dans ses publications, figurent des cas anciens classés à l'époque (A, B, C ou D) et qui font aujourd'hui l'objet d'un réexamen, dans le seul but d'être plus pertinent dans les conclusions. Grâce à de nouveaux moyens techniques (logiciels) et à l'expérience d'enquête acquise depuis toutes ces dernières années, ce réexamen aboutit quelquefois à de nouvelles remarques voire à un changement de classification.
Ce cas d'observation précédemment classé D et anciennement nommé MONTPELLIER (34) 1997 fait partie d'un ensemble de cas réexaminés récemment.
Ce cas s’avère être un amalgame de 4 observations différentes les unes des autres, puisqu’elles ont lieu à des heures différentes et qu’autant d’hypothèses explicatives peuvent être envisagées (voir le compte rendu d'enquête).
La perception d’étrangeté par le GEIPAN de l’époque provient de cette non détection de la multiplicité d’observations comme des phénomènes.
La lecture du PV 019/97 de Gendarmerie met en évidence que l’enquête est à l’initiative de la Gendarmerie suite une publication dans presse régionale le 18 mars 1997 mentionnant un Phénomène Aérospatial Non identifié (PAN) signalé le matin du 17 mars à la verticale de Montpellier par plusieurs pilotes d'avions de ligne. Cette observation du matin a fait depuis l’objet d’une explication GEIPAN, il s’agit d’une probable rentrée atmosphérique de météoroïde, voir le cas :
RENTREE ATMOSPHERIQUE — NATIONAL (FR) 17.03.1997
La recherche par la Gendarmerie de témoins complémentaires pour l’observation du matin a ainsi collecté les présents témoignages pour plusieurs observations du soir. On peut penser que le contexte de la publication de presse et de l’enquête active de la Gendarmerie a pu créer chez les témoins du soir un surcroît d’étrangeté et que, hors de ce contexte, ces derniers n’auraient peut-être pas tous témoigné spontanément. En effet, les observations de Mauguio (34) T1, de Cabestany (66) et de Montpellier (34) sont peu étranges. Seule l’observation de Mauguio (34) T2 présente un aspect initial étrange demandant une analyse approfondie.
L’observation rapportée dans le témoignage MAUGUIO (34) 17.03.1997 T1 rappelle fortement une méprise avec un satellite.
L’observation rapportée dans le témoignage MONTPELLIER (34) 17.03.1997 rappelle très fortement une méprise astronomique, la position de Sirius est très cohérente avec celle du PAN.
L’observation rapportée dans le témoignage CABESTANY (66) 17.03.1997 est une méprise probable avec un ballon Mylar, renvoyant à sa surface les lumières de l’éclairage public situé en-dessous de son passage. Cette conclusion s’appuie sur les éléments suivants :
- la forme réelle du ballon ne peut être observée de nuit, seule celle des reflets pouvant l’être. Cette forme est initialement observée à l’œil nu par le témoin est incurvée, conformément à la forme possible du ballon (rond ou ovale), visible que par les reflets à sa surface de lumières au sol. Dans un second temps, le témoin prend ses jumelles et arrive à distinguer plusieurs tâches lumineuses en forme de dômes correspondant à des reflets différents (non séparables à l’œil nu) à la surface du ballon, issus de plusieurs lampadaires au sol ;
- présence avérée de lampadaires de type « boule » dans des lotissements aux alentours immédiats renvoyant leurs lumières vers le ciel ;
- la trajectoire est régulière en vitesse et en altitude et conforme au sens du vent dominant ;
- un tel ballon a pu être utilisé en semaine pour une fête privée ponctuelle (anniversaire…) ou le week-end précédent, les ballons Mylar ayant une longévité importante.
L’observation rapportée dans le témoignage MAUGUIO (34) 17.03.1997 T2 est une probable méprise avec un avion de type MD-80, possédant un système d’éclairage particulier et venant de décoller de l’aéroport de Montpellier. Cette conclusion s’appuie en particulier sur les éléments suivants :
- la forme réelle de l’avion ne peut pas être observée par le témoin du fait de l’éloignement et des conditions d’observation nocturnes. Seules les puissants feux d’atterrissage l’ont été, et ont bien été décrits en conformité du MD-80 comme étant ponctuels pour les feux situés aux « extrémités » et rectangulaire pour celui central. Aussi la mention de forme ovale sur la photo figurant dans le procès-verbal et dans la déclaration du témoin est plutôt à mettre sur le compte de l’interprétation face à l’inexpliqué ;
- les couleurs décrites sont habituellement utilisées en aéronautique, quoique le témoin évoque une couleur « bleu blanc » pour les lumières initiales, le bleu n’étant pas utilisé en aéronautique. Il pourrait toutefois s’agir d’une couleur à dominante blanche teintée de bleu ;
- les multiples extinctions et allumages des feux d’atterrissage sont peut-être provoqués par la nécessité pour le pilote de vérifier sa visibilité pendant et après le virage. Le MD-80 permet de commuter entre les deux types de feux décrits ;
-le système d’éclairage particulier du MD-80 qui fait que la plupart des feux situés en bout d’ailes sont rapprochés et qu’il existe des feux anti-collision rouges clignotants sur la carlingue, ainsi que la distance et la variation du cap de l’avion ont pu contribuer à ce que ce témoin observe une modification de la coloration qui passe du blanc (phares initialement orientés vers le témoin et dominants) à l’orange (couleur mélangée) puis, au rouge (feux anti-collision rouge dominants) ainsi qu’une absence de visibilité des clignotements ;
- les positions, déplacements et la trajectoire du PAN sont tout à fait conformes à celle d’un avion Air Liberté enregistré par le radar et venant de décoller de l’aéroport de Montpellier et effectuant un virage et une montée simultanés afin de rejoindre le cap en direction de Paris Orly. Air liberté venait juste de commencer à exploiter des MD80 sur cette ligne ;
- l’absence de bruit s’explique à la fois par la distance de l’observation importante et par le vent, soufflant en direction de l’avion ;
- l’étrangeté initiale perçue par le témoin a pu résulter du fait que, bien qu’étant familier des lieux, il n’a encore jamais observé de MD-80 au décollage. Elle est ensuite accentuée par la concomitance fortuite de l’allumage de sa lampe torche avec celle des feux d’atterrissage de nez de l’avion ;
La consistance de chacun des témoignages est moyenne ou faible du fait du manque de précision sur les heures, durées et positions dans le ciel. Elles sont néanmoins suffisantes pour conclure au regard du peu d’étrangeté résultant après analyse.
En conséquence le GEIPAN classe les différents cas comme suit :
- MAUGUIO (34) 17.03.1997 T1 classé B, observation probable d’un satellite.
- MAUGUIO (34) 17.03.1997 T2 classé B, observation probable d’un avion au décollage.
- CABESTANY (66) 17.03.1997 classé B, observation probable avec un ballon Mylar.
- MONTPELLIER (34) 17.03.1997 classé A, observation très probable d’une étoile, en l’occurrence Sirius.